La journée mondiale de café et de cacao a été célébrée le 01er octobre dernier dans plusieurs coins de la République démocratique du Congo. A Mambasa dans la province de l’Ituri et à Beni dans le Nord-Kivu, c’était une occasion pour les producteurs de cacao de faire entendre leur cri de détresse à travers le monde.
Cette culture très rentable considérée comme une source de revenu sûre, est devenue une source d’insécurité en territoire de Mambasa particulièrement dans les chefferies de Babila Babombi, Babila Bakwanza et Mambasa et aussi dans la ville et territoroire de Beni.
Des présumés rebelles ougandais d’ADF qui tuent les cacaoculteurs dans leurs propres champs, des acheteurs non repertoriés qui se lancent dans la commercialisation des produits, des hommes porteurs d’armes à feu qui font les vols qualifiés à l’endroit des vendeurs de cacao,… menacent sérieusement la sécurité des personnes et de leurs biens.
Le dilemme
Le cacao actuellement, a une valeur qui explose sur le marché mondial. En 2022, la République démocratique du Congo a exporté 32.505 tonnes de cacao sur le marché mondial.
Du 10 au 15 juin 2024, le cours du cacao a connu une nouvelle hausse (12,05 %) sur les marchés internationaux, en se négociant à 5,30 dollars américains le kilogramme contre 4,73 dollars auparavant. Ces indications ressortaient du dernier rapport de la mercuriale du Ministère du Commerce extérieur.
Le cacao est à cet effet, une source sûre des revenus pour ses producteurs. Le pannier de la ménagère, la scolarité des élèves, les soins de santé, l’habillement, l’économie de la plupart des habitants de l’Est de la République démocratique du Congo réposent sur le produit « Cacao ».
Faudra-t-il continuer à produire le cacao quand on sait qu’il engendre de l’insécurité ? C’est là le dilemme.
« Le cacao est devenu un traffic de sang », s’est ainsi exprimé Katembo Mbalasi, l’un des cacaoculteurs de Beni au Nord-Kivu, répondant en avril dernier aux questions de nos confrères de TV5 Monde tout en témoignant des exactions qu’ils sont en train de subir.
Maître Laurent Kyeya, coordonateur de l’ONG CODEPEF Ituri a quant à lui affirmé que « l’insécurité est en train d’agrandir en territoire de Mambasa suite à la mauvaise politique d’achat et de vente des cacaos ».
Pour Jean-Louis Adungbu, l’un des cacaoculteurs en territoire de Mambasa, la production de cacao est hypothétique malgré qu’elle rend fière la province de l’Ituri.
« La production de cacao fait la fierté de la province de l’Ituri. La coopérative UPPCCO a obtenu 88 % par rapport à la qualité de sa production et elle a été emboîtée par la coopérative CACAO OKAPI avec 85 %. Elles ont toutes deux gagné chacune une médaille de bronze sur le plan mondial. Mais aujourdhui, la production de cacao reste hypothétique eu regard à l’insécurité. Comme conséquences, il y a l’abandon des champs, les vols de cacao, l’installation de la contrebande, la faible production et j’en passe (…) ».
Des mesures à prendre pour sauver ce secteur
Interrogé à ce sujet par nos confrères de TV5 Monde, Ngongo Mayanga Dieudonné, commissaire supérieur de la police dans la commune de Mulekera en ville de Beni, a indiqué que les autorités ont pris des mesures pour éradiquer la contrebande dans le circuit de la production de cacao.
« Nous avons pris des mesures pour lutter contre ce phénomène. Il y a l’identification de tous les cacaoculteurs, l’interdiction de la vente de cacaos non séchés et la fermeture de ces petits marchés pirates ».
L’ONG CODEPEF Ituri à travers son coordonnateur Maître Laurent Kyeya, demande « aux autorités de réglementer la commercialisation de cacao dont l’identification de tous les acteurs intervenants dans le secteur de cacao ».
Pour les cacaoculteurs du territoire de Mambasa, « (…) qu’il soit redigé un protocole pour la traçabilité de cacao envue de mettre fin à la contrebande et que les fonds générés ne servent pas à alimenter l’insécurité », a fait savoir Mr Jean-Louis Adungbu lors de la lecture de la déclaration des cacaoculteurs en marge de la célébration de la journée mondiale de café et de cacao.
À présent, la balle est du côté des autorités dont les responsabilités incombent pour reglémenter la production et la commercialisation de cacao afin que ce produit puisse réllement servir la population en terme de revenu.
John Peter Masiya Akilimali Ismaël
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